Pers(é)phone [bilingue] [en cours]

 








It’s coming again

with the October

mist, the last roses

of the year


those feelings — 

fear and shame

learnt at too early 

an age


as the damp earth

swallows you up


you may forget —

but once 

you’ve seen

you can’t unsee








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Je me demande parfois si Perséphone 
est revenue
de son silence de neige ;

si dans la maison vide elle a mis l'eau à bouillir
et préparé le thé pour des convives absents.

Le printemps sage comme un vieux chien
se couche-t-il à ses pieds ? D'une beauté
intacte, malgré les miroirs retournés

se tient-elle à la fenêtre, cherchant du regard 
la jeune fille d'autrefois
passant près des violettes ?

Le vent souffle et souffle
sur la maison de Perséphone, les fleurs 

lui répondent en inclinant la tête.







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Persephone — they call me,

the Maiden,

the smuggled one.


In their prayers,

they hesitate 

for they don’t know whom

to address —


syllables of light 

or despair —


the name I also fear.








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Incident voyageur.

La rame est à l’arrêt.


C’est égoïste, 

souffle-t-on, d’empêcher 

les honnêtes

gens d’être à l’heure 

au travail.


Il faut mourir 

sans déranger,

proprement, au bon

horaire ;


dommage que Charon

les appelle

au bord du quai.








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Ouvre la grenade, haruspice,

et fouille dans ses entrailles. Je crois

l’avenir semblable à ces pépins éclatés,

à cette béance obscène — demain

est un fruit éventré. Plante le couteau 

du sacrifice à l’intérieur de la chair.

Je ne connais qu’une saison

où se répand la même lumière, faible

et rose comme celle de la grenade,

sur le seuil de l’hiver.








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« Where to belong ? »,

she asked 

trying to smooth her dress

with eager hands.


« Don’t even know the

nostalgia, the kind of bridge 

we could reach on ».


Her body kept moving

with her no longer noticing,

as her soft, weary 

voice was fading away.


« There’s a river 

in my head

and shadows come to drink ;


their look in the water

no human eye bears to see ».








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J’étais un être de colère ; avant cela, de chagrin. 

Je prenais part à des noces amères,
au lieu de ma séquestration.

De libations en sacrifice - et pour quel dieu ? - 
mon corps devenait plus affûté 
comme une pierre faite pour déchirer, 
transpercer l'air d'un seul mouvement. 

J’étais un être singulier, tout entier rassemblé 
dans cette force contenue ; 
mais je priais des nuits durant, pour que le gel 
me fende, et que mon éclatement 

entraîne sur la terre de froides semaisons.







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Life is a pomegranate 

cut in half.

So many corridors,


so many seeds

glowing like stones —


small silent stones

in the jeweled casket 

of the earth.








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Ce n'était que le rêve 
d'une histoire naturelle.

Dans le musée des souvenirs,
les os des sentiments 
polis par les années ; ivoire
brillant et doux. 

De vertèbre en vertèbre,
tu descendais une gamme
le long de la mémoire.

Si la musique te guidait,
pourrais-tu retrouver 
ce qui demeure sous terre ?

Je n'ai d'outils que mes mains
qui ne savent pas creuser.






















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